Re: [Francophone] Présentation

Sébastien Dinot sebastien.dinot at free.fr
Fri Mar 26 04:38:23 EDT 2010


Bonjour,

----- "Cyril de Runz" <cyril.de-runz at univ-reims.fr> a écrit :
> La très intéressante discussion précédente m'a fait revoir une partie
> de mes convictions.

Dans quel sens ? :)

> Mettre au même niveau des données mises en oeuvre par des experts avec
> celles de amateurs est dangereux.

Les hommes de l'art sont toujours inquiets à l'idée de voir des « amateurs » marcher sur leurs plates-bandes. C'est bien connu « le logiciel libre, ça ne marchera jamais, c'est fait par de doux rêveurs dans leur garage, pas par des professionnels ». Autre exemple, j'ai été surpris de la méfiance agressive envers Wikipedia dans les IUFM que j'ai pu constater lors de mes conférences : « Wikipedia, ça ne vaut rien, il n'y a pas de comité d'experts pour effectuer une relecture et s'assurer de l'exactitude et de la neutralité du propos ».

Et là, vous me refaites le coup du « ce ne sont pas des experts ». Je pourrais vous montrer des endroits où la seule source de données qui reflète la réalité du terrain est OpenStreetMap. Certes, cette supériorité est encore ponctuelle, quasiment anecdotique mais les choses progressent à une vitesse que des contributeurs majeurs n'imaginaient même pas il y a un an.

> Le web collaboratif est certes très intéressant, les projets 
> OpenStreetMap et Wikipédia sont dans l'ensemble assez performant,
> mais permettre à tout à chacun de modifier les données IGN et de
> les redistribuer modifier me semble dangereux. Cela affaibli
> intrinsèquement la qualité de l'information

Puis-je avoir une démonstration de cette affirmation non étayée ?

Quant à la certification de l'information, je le disais dans mon précédent message, c'est justement une opportunité de service pour l'IGN, une plus value qu'elle pourrait apporter à ses clients sur des « snapshots » de la base OpenStreetMap dans un périmètre et à une date donnés.

> On le voit d'ailleurs avec le projet Wikipedia qui donne la plupart du
> temps des informations assez pertinentes mais qui dans certains cas 
> donnent des informations erronées ou tronquées à cause de leur 
> caractères politiques. Or les données géographiques sont par essence 
> stratégiques, politiques, complexes et imparfaites (mais dans une 
> certaine limite qui serait dès lors que les modifications seraient 
> possible impossible à établir). Lorsque l'on permet la modification
> des données cela peut donner des falsifications pour appuyer des visions 
> politiques (cf. [1]).

Vous savez, la falsification politique est courante et les vainqueurs écrivent l'histoire comme ils l'entendent. Ne croyez pas que je puisse avoir la moindre sympathie pour des gens qui placent des bombes au milieu de la foule dans un marché mais force et de constater que l'on qualifie certains de terroristes sanguinaires quant d'autres sont appelés résistants et hissés au statut de héros de la nation.

Toute source d'information nécessite un regard critique et un croisement avec d'autres sources. C'est pour cela que j'aimerais bien croiser les données d'OpenStreetMap avec celles de l'IGN. :)

> Il m'apparait important de dire que même si la diffusion des
> données soient autorisées, les modifications de celles-ci 
> lorsqu'elles sont de sources étatiques/scientifiques et non
> issues du monde collaboratif ne le soient pas.

Ce qui poserait problème, ce ne serait pas l'injection des données produites par l'IGN dans OpenStreetMap mais que OpenStreetMap prétende fournir « un base certifiée par l'IGN » ou même « LA base IGN ».

> Il y a pour moi une différence fondamentale entre les données et les 
> logiciels. Les sources des données sont gages de certaines normes 
> (directive inspire) qui ne sont de mises dans la production
> logicielle.

Diantre ! Les gens qui développent des logiciels certifiés DO-178B pour Airbus ou Boeing, ceux qui s'échignent à respecter les processus CMMI ou ISO, ceux qui implémentent les standards de l'ISO, de l'IEEE, du W3C ou de l'AFNOR doivent bondir en lisant une telle affirmation !

> Si je milite pour l'exploitation, la production et la diffusion de 
> logiciel libre auprès notamment de mes étudiants, je suis plus nuancé
> sur la liberté totale (le droit à la modification) sur la donnée
> quelle qu'elle soit (livre, etc.). La production de ces données étant
> couteuse de part le temps de mutualisation et de vérification.

Parce que la production de logiciel n'est peut-être pas coûteuse ? Il faudrait en parler à la BNF qui a dépensé de mémoire près d'un milliard de francs à la fin des années 90 pour se doter d'un nouveau système informatique pour la gestion des millions d'ouvrages précieusement stockés dans ses silos. Un milliard de francs, soit environ 150 millions d'euros, c'est un an et demi de financement de l'IGN !

Ensuite, il faut bien comprendre que le logiciel libre et tous les courants de la culture libre qui s'en sont inspirés ne nient pas le droit d'auteur mais s'appuient dessus : ils commencent par affirmer leur paternité (leur droit d'auteur en fait) puis, dans une démarche délibérée, concèdent certaines libertés aux utilisateurs. Même si les œuvres de Balzac sont tombées dans le domaine public, si un tiers prétend être l'auteur du Père Goriot ou s'il diffuse un texte modifié par ses soins de cette œuvre et prétend que Balzac en est l'auteur, il porte atteinte aux droit d'auteur (droits moraux) et est sanctionnable au regard de la loi. Le respect du droit d'auteur, des licences et conditions de distribution vaut même avec le libre. Certaines sociétés - y compris française - l'ont découvert devant les tribunaux à leurs dépends.

Sébastien

[1] Wikipedia presque aussi fiable que Britannica
    http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39296098,00.htm

-- 
Sébastien Dinot, sebastien.dinot at free.fr
http://sebastien.dinot.free.fr/
Ne goûtez pas au logiciel libre, vous ne pourriez plus vous en passer !


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