Re: [Francophone] Présentation

Sébastien Dinot sebastien.dinot at free.fr
Fri Mar 26 09:04:53 EDT 2010


----- "Cyril de Runz" <cyril.de-runz at univ-reims.fr> a écrit :
> Ma question porte sur une seule des règles du libre sur les données :
> la modification. Celle-ci a un sens profond dans le cadre de production 
> logiciel (capacité d'adaptation, possibilité d'extension,...). Cela me
> semble moins pertinent pour ce qui concerne la donnée : la traçabilité
> de la donnée est une source de qualification de l'information.

Autrement dit, vous me dites qu'une donnée erronée estampillée IGN, TéléAtlas ou Google Maps est préférable à une donnée corrigée par un quidam d'après sa connaissance du terrain et les relevés (traces GPS, mesures, photos et notes) qu'il a pu faire. Tout cela parce que, dans le premier cas, on peut la tracer, on sait d'où elle provient. L'année dernière, en effectuant une randonnée au fin fond de l'Aude, je me suis perdu - pas très longtemps fort heureusement - pour avoir trop essayé de faire coller les informations que je lisais sur ma carte « Top 25 » avec celles que je voyais. Après avoir tourné en rond un moment, j'ai réalisé que la carte était erronée et n'avait pas du être mise à jour depuis bien longtemps vu comme l'occupation des sols et les sentiers avaient évolué. Dois-je me consoler en me disant que c'était une erreur qualifiée par l'IGN et non introduite par un quidam ? Je ne le pense pas mais ce qui est plus gênant, c'est que l'erreur persiste certainement et que d'autres en seront victime alors que, si la base avait été libre, j'aurais pu corriger la « source » de la carte.

Les acteurs de la donnée géographique se retrouvent juste dans la même position que les acteurs du logiciel critique : ils sont habitués à des processus et des outils de production minutieusement codifiés et calibrés et régulièrement réévalués. La vague montante du libre, avec son approche d'apparence brouillonne (et pourtant bien plus structurée et outillée qu'on ne le pense de prime abord [1]), bouscule leurs pratiques et repères. Ils sentent bien qu'ils ne peuvent pas complètement ignorer ce courant parce qu'il y a du bon à prendre en lui. Mais ils doivent imaginer de nouvelles méthodes, voire faire de la R&D, pour apprivoiser ce nouveau mode de production et évaluer la qualité des données produites.

C'est peu ou prou la conclusion - en 2003 - du groupe de travail du RIS monté par le LAAS (en collaboration avec Airbus, Astrium, l'ESA, Technicatome, la SNCF, l'IRISA, Thales et d'autres) sur le « Développement de systèmes critiques intégrant des logiciels libres » [2]

Peut-être est-il temps que les acteurs traditionnels de l'information géographique montent un groupe de travail équivalent...

> D'autre part, il me semble, mais je dois me tromper, que par exemple
> on ne  fusionne pas (quel opérateur) au sein d'un même système
> différents logiciels

On pourrait trouver des parallèles (serveurs d'applications, modules d'extension ou autre) mais je pense que le problème n'est pas de savoir si le logiciel et la données sont ou pas de même nature.

Le cœur du problème me semble être ailleurs et double :

1. le modèle économique : comment fait-on pour financer la production et la mise à disposition de données libres, pour en vivre et, lorsqu'on est une entreprise commerciale, faire des bénéfices ?

2. la qualification des données : comment fait-on pour évaluer la qualité et l'exactitude de l'information quand on compte fournir un service - commercial ou non - dont la clé de voûte est la qualité de cette information ?


> PS : Je me serais bien passé du discours moraliste d'Ayatollah du libre.

Et moi, je trouve que je gagne bien trop facilement ce qui ressemble fort à un point Godwin. C'est dommage...

Sébastien

[1] Les SSII et les éditeurs de logiciel sont en train de s'approprier et de déployer en interne les outils et méthodes de développement collaboratif qui ont fait leur preuve dans le libre. On voit fleurir dans les entreprises les blogs, les wikis, les outils de messagerie instantanée, les forges, les gestionnaires de version décentralisés, les méthodes agiles qui prônent une interaction précoce et poussée avec les utilisateurs ainsi qu'un cycle de développement itératif, etc.

[2] Développement de systèmes critiques intégrant des logiciels libres
    http://www2.laas.fr/RIS/GT/LL/JourneeGT-LL.htm


-- 
Sébastien Dinot, sebastien.dinot at free.fr
http://sebastien.dinot.free.fr/
Ne goûtez pas au logiciel libre, vous ne pourriez plus vous en passer !


More information about the Francophone mailing list